Langue bretonne non-légale : pas de limites pour bretonniser les cartes d’OpenStreetMap

Funambulisme

Une version bretonnisée de la carte OSM se heurte à des difficulté, dont la moindre n’est pas qu’on peut sembler faire du funambulisme entre deux principes d’égale valeur :

  • reproduire le dernier état des noms de lieu, mais il faut alors choisir entre recopie ou adaptation aux règles du breton
  • mettre une version qui peut remonter au substrat gaulois (ou moins haut) et donc n’être une simple hypothèse, même scientifiquement fondée

S’ajoute un troisième cas, celui de la traduction, soit du français, soit du gallo, soit de l’ancien français agricole.

Arbitraire ?

L’Office public de la langue bretonne n’a pas traduit « L’Avantage », mais, a  proposé « Beler » pour « Bel-Air ». Même recette : « Carloise » redevient « Kerloez » et « Mayenne » est transposé en « Mezven ».

« Le Routoir » pourra être traduit « An Aoglenn » et un nom typiquement gallo comme « Le Houssa » (La Houssaye) deviendra Kelenneg.

Ces transformations pourront paraître, soit arbitraires (par rapport à quoi ?), soit « impérialistes » (poser des marqueurs en breton sur le Monde, de manière exagérément symbolique).

Pas de limite légale

Ce qui l’autorise est la non-existence légale de la langue bretonne, car la clé « name:br » dans OpenStreetMap ne peut pas être renseignée seulement avec les noms de lieu ayant gardé une forme visiblement bretonne et les nommages de voie en breton opérés par quelques dizaines de communes .

Les 1 500 noms bretons des communes bretonnes ont été injectés en janvier 2012, beaucoup de noms de communautés d’agglomération et de communes ont été traduits et renseignés, dès leur création, des noms de ville et de pays hors de Bretagne, souvent anciens, apparaissent aussi sur OSM (An Havr Nevez, Nevez York, Moskof), ainsi que le nom bretonnisé de tous les États et nations sans États.

La technique en renfort

L’entreprise est immense rapportée au faible nombre des brittophones.

Cependant, il faut compter sur deux renforts de poids :

  • la technique informatique et le moissonnage des bases de données libres (surtout celles de l’Office public de la langue bretonne) qui permettra d’injecter automatiquement de nombreux noms, en particulier, ceux des rues qui sont très souvent identiques (« rue des Ajoncs »)
  • la jeune génération très connectée des brittophones qui sera réceptive à l’idée de voir des cartes en breton

La science toponymique comme garde-fou

La prise en compte des propositions de l’Office public de la langue bretonne et la mention de « source:name:br » sont les garde-fous. L’Ofis est officiellement missionné par la Région Bretagne pour être une source de toponymes normalisés.

Les nombreux toponymistes qui ont travaillé localement ou régionalement sont une source à exploiter avec la prudence nécessaire.

Il n’est pas envisageable d’obtenir une carte où 100% des noms sont bretonnisés, mais 80% en Bretagne est atteignable et, faute de bretonnisation possible,  un nom d’aspect breton n’est pas requis dans tous les « name:br ».

 

Christian Rogel

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