BRETONNISER LA CARTE NE SE RÉSUME PAS À UNE CUEILLETTE SUR LE TERRAIN (DOMMAGE !)
Faire une carte libre en breton sur OSM, – et pourquoi pas! -, est très différent de « localiser » une carte dans une langue officiellement reconnue, alors que la nôtre est dans un tel état d’abandon que les autorités sont en cause.
Pas question de se référer à un registre officiel comme le COG (noms géographiques officiels définis par l’État) ou le cadastre (noms de lieu officiels déterminés par les communes) et peu de chance de trouver les noms sur le terrain, puisque moins de 1% de la signalétique est bretonnisée de manière ordonnée. Encore heureux qu’une partie de la nomenclature officielle soit composée de breton vieilli ou décomposé par les ans.
Que nous reste-t’il à faire ? Des recherches dans les deux bases de données gérées par l’Office de la langue bretonne, le bras linguistique de la Région Bretagne, puis dans les dictionnaires de toponymie, puis, dans les livres, et, enfin, dans les articles et les études. Bien sûr, tout n’y sera pas et il faudra souvent se contenter de traduire, d’adapter ou de translittérer.
Chaque toponyme doit être étudié selon deux principes : déterminer une forme qui a été employée ou aurait pu l’être et rester en accord avec les principes directeurs de la seule orthographe admise aujourd’hui, le peurunvan. Il est possible de donner une couleur dialectale, mais avec prudence.
MIEUX VAUT REPRODUIRE UN TOPONYME QUE D’AVANCER UNE SUPPOSITION
1 LA RÉFÉRENCE SUPRËME ET INCONTOURNABLE, MAIS NON EXHAUSTIVE
Les travaux et les conseils de l’Office public de la langue bretonne, créé en 1999 et 2010, servent de référence principale du fait qu’il est le seul service officiel en charge du patrimoine linguistique breton. Il a pour mission particulière de normaliser les noms de lieu en breton.
Au fil des demandes, il a collecté près de 100 000 toponymes que l’on peut consulter par l’entremise des bases de données libres KerOfis et TermOfis, toutes deux étant sous licence libre depuis une délibération de la Région Bretagne prise en novembre 2016.
Pourtant, l’Office public ne pourra jamais collecter et étudier la totalité des toponymes, tellement ils sont innombrables, d’autant que sa mission est, avant tout, de répondre aux demandes cadrées des collectivités territoriales. Il a réalisé 59 études toponymiques dans le cadre communal et uniquement en Bretagne de tradition brittophone, parmi lesquelles 15 sont librement téléchargeables sur son site.
Dans la mission de l’Office, il y a l’établissement du standard de rédaction des toponymes qui doit suivre les grands principes de l’orthographe unificatrice des dialectes établie en 1941 : le zh, ae pour ea, o pour ou, des pluriels en où, etc. Il faut aussi respecter des conventions pour les éléments constitutifs. Ex. : couper avant les adjectifs, sauf après Ker-, Pen-, Poul-, Koad-, etc.
Ex. : Penfoull et non pas Penn Foull, mais Ar Vilin Gozh, Ar Maez Don et, cependant, Kervihan. Ar Penkêr, mais aussi, Keravel.
A LIRE ATTENTIVEMENT : la page NOMS DE LIEUx qui donne les conseils de base
PAGE D’ACCÈS À KerOfis http://www.fr.brezhoneg.bzh/40-kerofis.htm
PAGE D’ACCÈS À TermOfis : http://www.fr.brezhoneg.bzh/36-termofis.htm
IMPORTANT : Si on intègre dans OSM un toponyme extrait d’une base de données de l’OPAB, on doit écrire ofis publik ar brezhoneg (minuscules) comme valeur de source:name:br
2 DICTIONNAIRE DES NOMS DE LIEUX [sic] BRETONS, PAR ALBERT DESHAYES
Une belle carrière de toponymes bretons est offerte, mais les toponymes (noms de hameau) ne sont pas classés par forme complète, mais d’après une forme modélisée du déterminé (2ème élément) à laquelle sont renvoyées les formes composantes. Les formes modélisées sont réparties en 62 thèmes et un index des formes composantes de 57 pages en petits caractères doit être consulté préalablement.
Il faut lire l’introduction qui explique dans quels pièges peut tomber le toponymiste amateur. L’auteur n’utilise pas le peurunvan, mais l’orthographe dite « interdialectale » et tombée depuis en complète désuétude.
De grande utilité, si l’on sait le manier avec tout le doigté nécessaire.
Deshayes (Albert), Dictionnaire des noms de lieux bretons, Le Chasse-Marée / ArMen, Douarnenez, 1999, ISBN2-903708-85-1
L’auteur a écrit un dictionnaire topographique du Finistère qui peut rendre service.
Deshayes (Albert), Dictionnaire topographique du Finistère, Coop Breizh, Spézet, 2003, 605 p. ISBN2-84346-010-7
3 LES OUVRAGES DE TOPONYMIE DE MIKAEL MADEG SUR LE LÉON
Une œuvre de grande importance et sans équivalent, limitée cependant à l’une des grandes régions de Bretagne, le Léon, ancien comté et évêché qui est encore vivant dans l’esprit des gens, même s’ils en parlent en mentionnant le Nord-Finistère.
Pour une thèse de linguistique, Mikael Madeg a réalisé une enquête dans les 113 communes et a collecté des milliers de toponymes bretons (des noms de hameau surtout) et il a tenu à être au plus près de la prononciation des habitants des lieux.
Pour la transcription correcte des toponymes, c’est une source majeure, mais, il faut avoir à l’esprit les objectifs scientifiques et les principes linguistiques de l’auteur. Pour expliciter la prononciation et l’accentuation, il opère des coupes (Ker Yegu Plou Rin) ou choisit d’ajouter une lettre (Brinyogan) et, surtout, il suit les règles de l’orthographe dite « universitaire », qui, maintenant, est en voie d’extinction.
En plus de ses travaux sur la toponymie terrestre, Mikael Madeg, en collaboration avec Per Pondaven et Yann Riou, a fait éditer 12 livres en breton consacrés à la toponymie maritime du Léon. Ils y ont rassemblé les appellations qu’utilisaient des pêcheurs, des agriculteurs et des goémoniers, tous brittophones de naissance. Cette source sera examinée dans une autre page.
Il peut être profitable de lire aussi le livre en français du même auteur intitulé Noms de lieux [sic] et de personnes [sic] du Léon (Embann Kêredol, 2010, ISBN978-2-917520-08-6).
Madeg (Mikael), Renabl anoiou kêriadennou Bro-Leon hag o distagadur, Ar Skol vrezoneg-Emgleo Breiz, 1997
Levrenn 1 : Studiadenn ISBN2-906373-53-2 Levrenn 2 : Roll olleg ISBN2-906373-54-0 Levrenn 3 : Roll an anoiou dre ar barrez ISBN2-906373-57-5
4 LES OUVRAGES DE TOPONYMIE DE PIERRE HOLLOCOU ET JEAN-YVES PLOURIN (MORBIHAN OUEST ET FINISTÈRE SUD-EST)
De grosses sommes toponymiques ont été réalisées par Pierre Hollocou et Jean-Yves Plourin sur la région du Kreiz Breizh qu’on appelle la Cornouaille morbihannaise » et la région côtière adjacente, au Sud. Grâce à des recherches intensives dans les archives, les auteurs ont pu labourer large et profond en étudiant des milliers de toponymes avec un esprit minutieux et critique. Les introductions sont très éclairantes.
PLOURIN (Jean-Yves), HOLLOCOU (Pierre), Des sources de l’Ellé à l’Île de Groix, Emgleo Breiz, 2014. 391 p. ISBN9782359741025
HOLLOCOU (Pierre), PLOURIN (Jean-Yves), De Quimperlé au port de Pont-Aven : entre Isole-Laïta et Aven, Emgleo Breiz, 2008.
PLOURIN (Jean-Yves), HOLLOCOU (Pierre), Les noms de lieux et leur histoire, de Quimperlé aux Montagnes Noires, Emgleo Breiz, 2007. 259 p. ISBN978-2-911210-59x
5 NOMS DE LIEUX [sic] BRETONS DU DU PAYS NANTAIS, PAR BERTRAND LUÇON
Pas moins de 4 200 toponymes bretons ont été retrouvés dans 46 communes du Pays Nantais et Bertrand Luçon les réunit et les classe en 9 grands thèmes répartis en de nombreux sous-thèmes. Une « analyse du corpus » est donnée en fin d’ouvrage.
LUÇON (Bertrand),Noms de lieux bretons du Pays nantais : 4200 toponymes, Yoran Embanner, 2017. 511 p. IBN9782916579955
6 LES NOMS DE LIEUX [sic] BRETONS DE HAUTE-BRETAGNE, PAR JEAN-YVES LE MOING
Jean-Yves Le Moins était ingénieur, quand il a entrepris de rédiger une thèse de toponymie en s’aidant d’outils informatiques nouveaux et rares à l’époque.
Il a écrit un autre livre, Noms de lieux de Bretagne, qui peut servir de premier guide à un débutant en toponymie bretonne.
LE MOING (Jean-Yves), Les noms de lieux de Haute Bretagne, Coop Breizh, 1990. 480 p. ISBN 2-903708-04-5
LE MOING (Jean-Yves), Noms de lieux de Bretagne, Bonneton, 2004. 231 p. ISBN 2-86253-283-5
7 LES MONOGRAPHIES LOCALES
On peut trouver des brochures, des articles et des pages Internet traitant de la toponymie de telle ou telle commune. L’intention est généralement de donner l’étymologie et/ou la signification, rarement d’aider à établir une forme normalisée. En voici un échantillon :
BIGNON (LE) La toponymie au Bignon page du site le la commune
BOUÉE Alain Monnié, Les toponymes de Bouée
LANDRÉVARZEC Kernalegenn (Daniel), Les noms de lieu de Landrévarzec,
LANGOAT Association « Vivre à Langoat », Langoat et ses noms de lieux
L’HÔPITAL-CAMFROUT Page du site de la commune
SAINT-NOLFF Articles de Tugdual Kalvez
SAINT-RIVOAL Site de Riwalig.net
TREILLÈRES Les noms de lieux de TreillèresPage du blog «Treillères au fil du temps »
VAL-ANDRÉ, DAHOUËT La toponymie de Dahouët et des environs (1 et 2)
VIEUX-MARCHÉ ARSATT Lannion,Le Vieux-Marché,/Ar C’houerc’had, ses noms de lieux et leur histoire
PAYS DE RETZ-OUEST Renouard (François), Toponymie bretonne du Pays de Retz, 1ère éd. en 2007. Article de blog, http://retz.over-blog.com/article-14478269.html Version remaniée en 2010 ? http://karrikell.over-blog.com/article-l-empreinte-de-la-langue-bretonne-en-pay-56745853.html
Christian Rogel