Les noms de lieux et de personnes du Léon, un maître-livre de Mikael Madeg

C’est un ouvrage qui doit être lu par toute personne qui s’intéresse aux cartes tout en breton, mais, le britOSMeur n’y trouvera que des considérations sur les toponymes (et les surnoms) léonards sans diversion aucune, tant est fort l’amour que porte le maitre linguiste de Saint-Thonan à sa petite patrie nord-finistérienne.

Ayant appris le breton à l’adolescence et le gallois chez les Gallois, il a eu la chance d’être formé par les meilleurs linguistes et les meilleurs celtisants. Il n’a pas fait carrière à l’Université, mais a soutenu deux thèses de linguistique. il a collecté des contes, des légendes et bien d’autres choses en conversant en breton avec des milliers d’interlocuteurs.

Cela l’autorise, après quelques compliments, à exercer son esprit caustique à l’égard de quelques universitaires brestois, connus et reconnus (B. Tanguy et J.-M. Plonéis), car ils ont eu l’audace d’étudier des toponymes du Léon sans vérification auprès des brittophones locaux (et auprès de lui, sans doute aucun).

Selon notre linguiste (et reconstructeur de talus), l’étude des formes écrites anciennes doit être confortée par une enquête sur la prononciation des brittophones  « de tradition » locaux. Facile , si on a pu apprendre le léonard en LV1 !

Mikael Madeg a publié une partie de ses recherches de terrain portant sur des centaines de milliers de toponymes (existants ou disparus) dans une vingtaine d’ouvrages généralement rédigés en breton, mais il n’a pu anticiper que la cartographie OpenStreetMap pourrait lui être d’un grand secours, car elle s’appuie sur la photo aérienne et le cadastre embarqué. S’il savait combien la collecte et son traitement en sont facilités !

Cependant, il a un grand profit à tirer de ce livre, quand il met en garde contre les confusions et erreurs qui sont le fait, aussi bien des toponymistes du dimanche que des universitaires vissés à leur bureau.

Premier exemple : la graphie officielle, Kerguélen, assez répandue, est généralement comprise comme l’association de Kêr et de kelenn (houx). Mais, dans une petite proportion, on entend Kergwelenn chez les brittophones locaux et les formes écrites Kerguvelen font penser qu’il s’agit d’autre chose.

Deuxième exemple : gwern est souvent réduit à gwer et a fini par donner des formes  en ker. Pas de problème, si c’est la forme employée localement, mais, si le cadastre diverge de la prononciation, c’est celle-ci qui doit être retenue.

Troisième exemple : formes écrites ambivalentes ou fautives. Ty Lan est-il Ti Alan ou Ti (al) lann ? Kamm Hir ou Kan Hir ? Kerezog ou Ar Gerezog ? Le premier ne doit pas être vu comme Kêr + ezog, alors que la seconde forme montre qu’il y avait là une ceriseraie.

En plus des idées personnelles soutenues avec force et brio, l’auteur apporte beaucoup d’informations et de connaissances et il procure deux bibliographies et un lexique toponymique bien informé.

 

Christian Rogel

Mikael Madeg, Les noms de lieux (sic) et de personnes (sic) du Léon, Embann Keredôl, 2010, 234 p. Lexique p. p. 118-129. Bibliogr. ISBN978-2-917520-08-6.

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