OpenStreetMap e brezhoneg

communiqué du 13/12/2018

Après la carte en breton : voici les cartes en occitan et en basque

 

Derrière les noms de lieu officiels, il y a les langues de la France, certaines plus anciennes que le français, et toujours utilisées et enseignées. Du fait de son adaptabilité, l’écosystème OpenStreetMap permet de visualiser toutes les versions linguistiques.

Les noms de lieu sont ajoutés par les cartographes volontaires qui s’appuient sur les organismes de collecte et de normalisation (offices linguistiques, associations).

Le projet OpenStreetMap e brezhoneg

Depuis septembre 2017, une carte en langue bretonne basée sur OpenStreetMap (la base de données géographiques, mondiale, libre et contributive) est visible sur notre site www.openstreetmap.bzh. Cette carte valorise notre langue, pour qu’elle ait sa place dans les outils numériques du XXIe siècle. En 30 mois, le nombre des objets portant un nom en breton standard a été multiplié par 2 et demi, atteignant les 40 000 et suivant une belle progression.

Un grand merci à l’Office Public de la Langue Bretonne pour son soutien.

En mai 2018 a eu lieu Ar Redadeg, une course de relais (nuit et jour) de 1 800 km qui sert à financer des projets pour le breton. La carte OpenStreetMap en breton a permis dégooglisé le site de vente de kilomètres. Le partenariat sera reconduit en 2020.

En juin 2018, notre projet a été présenté lors du State Of The Map France 2018, conférence annuelle d’OpenStreetMap France, à Bordeaux-Pessac. Ce fut un lieu d’échanges, en particulier avec des Basques et des Occitans.

En octobre 2018, le service de carte a été jugé « bon pour le service actif » et reproductible.

Pour le basque et l’occitan aussi

Une grande avancée : à la carte bretonne s’ajoutent les services de carte pour l’occitan et le basque. Les url des services de tuiles (au format TMS) sont les suivants :

  • breton (br) : https://tile.openstreetmap.bzh/br/{z}/{x}/{y}.png

  • occitan (oc) : https://tile.openstreetmap.bzh/oc/{z}/{x}/{y}.png

  • basque (eu) : https://tile.openstreetmap.bzh/eu/{z}/{x}/{y}.png

La mise à jour des tuiles, et donc l’apparition des contributions se fait entre 1 et 7 jours.

 

Visualiser, contrôler et voir les statistiques par langue

OpenStreetMap e brezhoneg a créé une application cartographique pour un service de tuiles en breton.

Voir : https://kartenn.openstreetmap.bzh.

Deux outils d’analyse de la qualité (QA) accompagnent la carte :

Le premier est une couche de contrôle de la présence des tags de langue sur les toponymes (voies et lieux-dits). En vert, c’est ok, en rouge : à renseigner. Le fait de voir où sont les manques encou les contributeurs.

Le deuxième est un suivi statistique de la présence des noms dans 16 langues minoritaires de France sur les objets dans OpenStreetMap. Un fichier CSV est mis à jour tous les 2 de chaque mois :

https://github.com/osm-bzh/osm-bzh-data/blob/master/stats/stats_locale_names.csv

Extrait des statistiques des saisies au 2 décembre 2018 :

Breton 41 324

Basque 23 400

Occitan 11 826 (avec 2 000 saisies en novembre !)

 

Nous nous tenons à la disposition des organismes travaillant sur les langues régionales qui voudraient mettre en place des services cartographiques similaires.

 

Merci à OpenStreetMap France pour son accueil et son soutien technique, matérialisé par un serveur dédié à ce projet.

Voir sa campagne de dons en cours pour le renouvellement de l’infrastructure :

https://openstreetmap.assoconnect.com/billetterie/offre/90295-e-renouvellement-de-nos-serveurs

 

N’hésitez pas à nous rejoindre en Bretagne, Occitanie, au Pays basque et ailleurs.

 

Contact OpenStreetMap e brezhoneg : darempred@openstreetmap.bzh

 

Le navigateur routier libre OsmAnd Maps

L’application libre OsmAnd Maps sert à l’assistance et au guidage  par téléphone mobile pour des déplacements à pied, en vélo ou en auto. C’est un navigateur satellite (GPS ou Galileo), utilisant, en version de base, uniquement des cartes embarquées. L’application permet, de prime abord, d’embarquer des cartes venant d’OpenStreetMap, mais aussi celles qui ont une adresse Internet.

On peut télécharger gratuitement 5 cartes découpées par régions, mais celles des continents sont payantes (3,49 € pour l’Europe). S’il est offert de choisir 5 régions au début, les mises à jour sont proposées à chaque début de mois.

A télécharger sur Amazon, Apple Store, F-Droid  (gratuit et illimité) et Google Play. Voir : https://osmand.net (eng)

Des cartes localisées dans de nombreuses langues, le breton inclus

Outre un rendu des cartes très clair, il y a une fonctionnalité remarquable : la possibilité de choisir dans une longue liste, la langue de la carte, le basque, le catalan ou le gallois, par exemple (pas l’occitan) et, chose intéressante, le breton. Cela ne concerne que les noms de lieu et de voie et les POI, pas l’interface OsmAnd. Une fois choisie la langue, cliquer sur « local » renvoie vers « name », soit le nom officiel, s’il n’y a pas de « local_name ».

Voilà la magie, car on peut afficher, soit une carte où apparaît la version bretonne des noms, mais le nom officiel se montre si elle fait défaut, ou une carte « bilingue », avec version bretonne au dessus du nom officiel, celui-ci pouvant fréquemment être seul présent.

Mini-tutoriel pour des cartes en breton

  • Se connecter aux magasins d’applications mentionnés plus haut et télécharger OsmAnd Maps
  • Choisir dans « cartes et ressources », la carte Bretagne (et celle des Pays-de-la-Loire si désiré) et la télécharger ensuite
  • Entrer dans « carte » puis « langue de la carte » et cliquez sur une langue principale, ensuite sur « local » (si désiré)

OsmAnd+,  OsmAnd Live et OsmAndMapCreator

On peut obtenir une version payante plus complète, appelée OsmAnd+ , mais uniquement Android. Les cartes OSM sont mises à jour chaque mois ou chaque semaine gratuitement et on peut choisir que des lieux renvoient à des références Wikipédia (8,99 €).

On peut aussi entrer dans le programme de don  OsmAnd Live qui s’accompagne d’une mise à jour en direct. Une partie des dons faits en bitcoins sont répartis entre les mappeurs selon leur activité. C’est plus complexe, puisqu’il faut passer par F-Droid et importer des paquets Android (APK).

Enfin, il existe le logiciel OsmAndMapCreator qui sert à créer des versions spéciales de cartes à télécharger dans un mobile. Voir : https://wiki.openstreetmap.org/wiki/OsmAndMapCreator (eng).

 

Christian Rogel

 

4 novembre 2018
Reproduction autorisée sous réserve de mention du nom de l’auteur et de OpenStreetMap e brezhoneg

1 Que peut-on bretonniser ?

Il est recommandé de commencer par les noms de lieu en Bretagne, mais rien n’empêche de déborder, puisqu’un certain nombre ont une version bretonne ancienne utilisée dans la littérature en breton (ex. : Turgn pour Tours (Touraine), Bourdel pour Bordeaux, Chartrez evit Chartres, Evrog pour York) et qu’on peut reprendre les formes locales, adaptées à la phonétique du breton, si nécessaire.

Parfois, il est assez simple de transcrire la forme officielle (Carfantin, en Dol-de-Bretagne < Kerfeunteun), mais, il est fréquent de ne pas pouvoir deviner et la solution se trouve, peut-être, dans un livre peu accessible.

Il y a une règle générale qui prescrit de rechercher la forme locale et ce n’est pas toujours la forme officielle.

Selon la tradition littéraire du breton, il faut saisir name:br = Strasburg et non pas Strasbourg (officiel), ni Strässburg (haut-allemand), ni Strössburi (alémanique alsacien) et on mettra name:br = Rijsel (néerlandais) pour Lille, les deux signifiant L’Île.

Puisqu’il faut utiliser les noms germaniques en Alsace, les noms occitans en Occitanie, les noms basques en Pays basque, les noms arpitans en Arpitanie, les noms corses en Corse, les noms catalans en Catalogne, il ne reste qu’à adapter (ou non) les noms du territoire d’oïl, en gros, la moitié de la France (plus Wallonie belge et Romandie suisse).

2 Sources

Comme source, il y a la liste des noms de communes en Bretagne et les bases de données  (KerOfis et TermOfis) publiées par l’Office public de la langue bretonne et dont on peut tirer des modèles transposables. On y trouve les formes Kasteller et Kastellan, qui conviennent pour les Châtel(l)ier et Châtillon, nombreux dans le domaine francophone d’oïl. Même idée pour les Montreuil et les Montoir(e) qui deviennent des Mousterel, alors que les Moûtier(s) deviennent des Mouster(ioù).

Pour le reste, c’est-à-dire, une majorité, il faut avoir des notions de toponymie. Voir la bibliographie infra.

Une grande partie des noms de lieu du domaine francophone viennent du gaulois latinisé avec une évolution et il est possible de rapprocher une forme bretonne du gaulois, langue parente.

Pour certains noms en français courant, une simple traduction suffira et, par exemple (La) Villeneuve deviendra Ar Gernevez et Les Clos deviendra Ar C’hlozioù, tandis que les Fort(s), presque toujours perchés sur des rochers, deviennent des Roc’h.

3 Règles d’usage pour la transcription des noms de lieu

La règle la plus importante : respecter l’orthographe peurunvan : Kerisbian —> Kerisbihan, Penhoat —> Penc’hoad, Pors Coz —> Ar Porzh kozh

  • On conserve les attachements entre les composantes, quand les secondes ne sont pas des adjectifs : Pengili, Kerwern, mais Koad sec’h  (Coatsec’h)
  • Ker est réuni avec la seconde composante, si elle a été disjointe dans la forme officielle : Ker guen —> Kerwenn, Kerargaouyat > Kerargaouiad, mais, Meilh ar C’hoad (lequel peut être une traduction de Moulin du Bois
  • On rétablit l’article, si l’on perçoit qu’il a été omis, en contradiction avec l’usage parlé 1. : Coat > Ar C’hoad ha Jardin d’Ahaut > Al Liorzh Uhelañ
  • L’article ancien i est maintenu : Keridreuff —> Keridreu(z)

4 Les radicaux indo-européens et leurs évolutions

Une fraction des noms de lieu font référence à celui d’un homme, une autre fraction à un élément géographique ou agricole ou animal et une autre fraction à la religion. S’il n’est pas possible de trouver une signification ou une forme locale, on peut leur donner une forme bretonne ou les saisir tels quels. Comme l’ont expliqué de nombreux toponymistes et linguistes, les noms de lieu en France ont des racines pré-celtiques, celtiques et latines.

Bazouges > Basilica (latin), Beuvron, Brévenne, Bièvre < Bebr (gaulois, castor), Bre(u)il < Brogilo (gaulois), Chailly, Chalais, Seille, Cheillé < Kal (pré-celtique ?), Chambord, Chambourg < Cambo-ritu (gaulois, équivalent breton Kammroud(our), Namps, Nan, Nans < Nant (gaulois ou pré-celtique, vallée), Auroux, Loroux, Orouer, Ozoir < Oratorium (latin), TeilTheil < Tilium (latin, tilleul).

5 Les suffixes gaulois ou latins

En Bretagne, ainsi que dans le domaine d’oïl (la Ouitanie ?), on trouve quantités de toponymes munis d’un suffixe en -ac, -ai, -aie, -ay, -aye, -é, -ey, -i, -iac, ois, oy,  -y. Une partie d’entre eux vient des suffixes latins en -acus et -iacus. Saiacus désignait le bien de Saius, ce qu’on trouve dans Cé (Les Ponts-de), près d’Angers.

Généralement, ces toponymes avec noms de personnes peuvent être rendus avec une racine bretonne et un suffixe en –(i)eg. Romillé a été transcrit Rovelieg par l’Office public de la langue bretonne, et Marzhinieg peut transcrire Martigné, mais aussi Martignac et Martigny.

Pour les noms qui se réfèrent à une personne (on y voit souvent un ancien propriétaire ou exploitant), il y a une méthode très bretonne d’adaptation : Ker + nom. Juigné (la possession de Juvenius) peut devenir Keryaouank en respectant le sens en latin. Dans le même esprit, La Simonétière deviendra Kersimonig.

Un autre catégorie de suffixes est constituée par les suffixes augmentatifs et, en latin, c’était -etum, qui existe en breton (-ed ou -eg). Ils désignent les étendues de végétaux ou de sol: Boulaie –> Ar Vezvoed, Teillay –> An Tilhieg, Pérouse, Périer, Pierrier –> Ar Vaeneg

Orientation bibliographique

Longnon (Auguste), Les noms de lieu de la France, Paris, 1920-1929
Dauzat (Albert ), Les noms de lieux : origine et évolution, Paris, 1928-1951
Dauzat, Albert, La toponymie française, Paris, 1939
Vincent (Auguste),Toponymie de la France, Bruxelles, 1937
Rostaing (Charles), Les noms de lieux, Paris, 1945-1969 (Que-sais-je ? 176)
Dauzat (Albert), Rostaing (Charles), Dictionnaire étymologique des noms de lieux enFrance, Paris, 1963-1978
Nègre (Ernest), Toponymie générale de la France, Genève, 1990-1991, 3 vol.
Martin (Lenaig), Toponymie,  microtoponymie :  discours des gens en lien avec les noms de lieux, étude de la fluctuation de la frontière linguistique et du Pays d’A-bas…entre Basse et Haute Bretagne, DEA, Université de Rennes, 1997.
Lacroix (Jacques), les noms d’origine gauloise : La Gaule des combats, Paris, Errances, 2003
Gendron (Stéphane), L’origine des noms de lieux de France, Paris, 2003
Delamarre (Xavier), Dictionnaire de la langue gauloise, Paris, Errances, 2003
Favereau (Francis), Celticismes, Morlaix, Skol Vreizh, 2017

Liste des codes de langue utilisables dans OSM

Nombre de name:X et nombres de valeurs présents dans OSM au 13-07-2019 :

Codes ISO 639

1. Arpitan > name:frp 198
2. Basque > name:eu 2 474
3. Breton > name:br 49 363 (taginfo.org = bedel)
4. Catalan > name:ca 5 788 (3-1-18)
5. Corse > name:co 329
6. Créole guyanais > name:gyn 0
7. Créole martiniquais et créole guadeloupéen > gcf 563
8. Créole réunionais > name:gcr 0
9. Flamand > name:vls 54
10. Francique > name:frk 0
11. Maoré (Mahorais) > name:swb 2
12. Normand > name:nrf  1 (11 lec’hanv dindan ar c’hod da c’hortoz name:fr-x-norman a dlefe bezañ kemmet)
13. Occitan > name:oc 24065
14. Picard > name:pcd 32
15. Tahitien > name:ty 347
16. Wallisien > wls 1

Codes provisoires actifs

1. Franc-comtois > name:fr-x-fc 32
2. Gallo > name:fr-x-gallo 208

Codes provisoires proposés :

  1. Angevin > name:fr-x-angevin
  2. Berrichon > name:fr-x-ber
  3. Bourbonnais > name:fr-x-bourbon
  4. Bourguignon > name:fr-x-brg
  5. Champenois > name:fr-x-cham
  6. Lorrain > name:fr-x-lor
  7. Orléanais > name:fr-x-orlean
  8. Poitevin > name:fr-x-poi
  9. Saintongeais > name:fr-x-saint
  10. Tourangeau > name:fr-x-tour

Plusieurs voies (« hent ») sont possibles

Quand on dit « hent » en breton, cela peut faire penser à un sentier, à un chemin d’exploitation, à une allée d’accès à une maison, à une route rurale ou à même une rue résidentielle, asphaltée ou non. En levant les yeux vers le ciel, la nuit, on aperçoit souvent le « Hent Sant-Jakez » (Chemin de Saint-Jacques) qui est aussi « An Hent Gwenn » (Le Chemin blanc ou La Voie lactée), quand c’est aussi «  Bali Sant-Pêr » ou « Ar Vali Wenn » (L’Avenue de Saint-Pierre ou l’Avenue blanche). Le mot « hent » est polysémique, exactement comme voie en français, way en anglais et weg en allemand. C’est la même chose pour chemin, path, camino, pfad, etc.
Quand on examine le cadastre, on remarque que les voies rurales portant un nom y sont catégorisées de deux manières : il y a les « voie communale n° n… dite de x » et les «  chemin rural n° dit de y », ceux-ci n’étant pas pas toujours asphaltés. Ils sont parfois abrégés en V. R. et en C. R.
On peut donc établir une règle de nommage pour les voies carrossables sur OpenStreetMap en breton : les premières peuvent être des « Route de x » et les seconds des « Chemin de y ». Ces nommages peuvent aussi venir d’une information récoltée sur le terrain, à signaler par « source:name = survey ».
Autrefois, il était fait une distinction entre les routes ordinaires, souvent non revêtues, et les routes qui menaient aux villes importantes et qu’on appelait « grand-route » (« hent bras »). Aujourd’hui les routes bretonnes sont presque toutes asphaltées et la hiérarchie des noms génériques des voies carrossables pour OpenStreetMap doit être revue de manière cohérente :
  • Les petites voies non revêtues peuvent être nommées avec les génériques « Hent » ou « Hent-karr » ou « Hent tiekaat » (voir note), ces deux derniers convenant aux anciennes voies charretières devenues « chemins d’exploitation »   highway = service/driveway, unclassified, track
  • Les voies secondaires, généralement asphaltées, qui desservent les hameaux et petits villages qui sont souvent des « chemins ruraux » (C. R.), sont aussi des « Hent »   highway = unclassified
  • Les voies communales principales pour la desserte vers les quartiers ruraux (vers plusieurs hameaux), souvent nommées « Route de x », qui peuvent être des « Hent bras x », quelquefois notés « Voie communale » et que  le cadastre classe parfois comme un « Chemin rural »   highway = unclassified, tertiary 
  • Les voies, généralement nommées « Route de x » et anciennes ou actuelles routes nationales, allant d’une ville importante à une autre, peuvent nommées « Hent-meur x » (« grand-voie » ou « grande route » ),  un nom autrefois donné aux voies antiques, lesquelles pouvaient devenir des « chemins verts », une fois délaissées   highway = secondary, primary
  • Au niveau le plus élevé, on trouve les voies rapides et les autoroutes, soit les « Hent tizh » et les « Gourhent »   highway = trunk, highway = motorway
Rien ne s’oppose, au contraire, au reclassement vers le haut d’un « Chemin de x » vers « Hent-bras x », si le mappeur estime que cela s’accorde, par exemple, avec le cas d’une route reliant une petite ville à une grande, car l’absence de règles officielles s’appliquant au breton le permet. Voir : https://www.openstreetmap.bzh/fr/2017/06/27/brezhoneg-e-maez-al-lezenn-neus-harzh-ebet-evit-brezhonekan-ar-gartenn-openstreetmap/ (version en français)
Note : Il y aurait lieu de distinguer karrhent et hent-karr, ce que ne fait pas le Geriadur An Here : le premier doit désigner les voies carrossables et le second les chemins d’exploitation pour les engins agricoles. L’Office public de la langue bretonne propose hent tiekaat, ce qui évite la collision.

Hiérarchie des nommages génériques des voies et espaces adressables

Nommages génériques des voies (Highway)

Route (à grande circulation)
Hent-meur
Boulevard
Boulouard
Route
Hent bras
Avenue
Bali
Rue
Straed
Chemin
Hent
Traverse
Hent-treuz
Allée
Alez
Impasse
Hent-dall
Venelle
Bannell
Sentier, Sente
Gwenodenn
Place
Plasenn (parfois, Leurger )
Rond-Point, Giratoire
Kroazhent-tro

Nommages génériques de voie peu fréquents(Highway)

Carn (> br. Karr-hent)
Karn
Rue Traversière (nommage complet)
Straed Treuz
Les Hauts de x
Gorre x
Côte (de)
Krec’henn, Kra(v) en Trégor
Coteau(x)
Roz(ioù)
Estrévet (Cornouaille Sud-Ouest)
Estreved
Stréat (Pays de Léon)
Stread

Nommages génériques des espaces avec adresses (Amenity, Highway ou Landuse)

Esplanade
Reper
Square
Skwar
Cité
Kêrig
Résidence
Annez
Hameau
Kêriadenn
Lotissement
Lodennadur
Clos
Kloz
Parc
Park
Jardin(s)
Liorzh(où)
Plaine
Plaenenn
Takad
Zone
Christian Rogel – OpenStrreetMap e brezhoneg
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Ce livret, en trois langues, plaide pour la transmission des toponymes originaux de la Bretagne, «  un trésor à conserver » (téléchargeable ici), qu’ils soient visibles, invisibles, cachés ou oubliés. Alors qu’ils marquent l’empreinte d’une présence humaine, ils sont « (menacés), d’une part, par l’urbanisation qui remplace des anciens lieux-dits par des rues, avenues, … et, d’autre part, par la substitution des langues bretonne et gallèse par la langue française. Ce faisant les élus qui prennent ces décisions font disparaître une partie du patrimoine de la Bretagne. »

Kevre Breizh, fédération d’associations culturelles qui défendent l’identité bretonne, s’attache à la sauvegarde des toponymes sous des formes correctes en accord avec les recommandations internationales. Le but est d’inciter les gens et les communes à prendre conscience des apports de la toponymie qui peut être une activité plaisante.

Les travaux de JY Plourin, P. Hollocou et B. Tanguy montrent aussi que ce que peut être un chemin difficile, puisqu’il arrive souvent qu’on ne puisse comprendre la signification du nom officiel d’un lieu-dit sans remonter à une archive ancienne. Exemple éclairant : tous les Kerjean ne viennent pas d’un Jean, puisqu’à Pont-Scorff, il s’agit d’un ancien Kerizien (Ker + Ritgen).

De l’historique de la toponymie bretonne, on retient le poids de l’administration qui ne comprenait pas la signification de certains toponymes et ne voyait pas malice dans le fait de le remplacer ou de les déformer. S’il est fort à la mode de nommer les rues en prenant des listes de plantes ou d’animaux, cela amène à une profusion de « rue des Anémones » et de rue des Hirondelles », tandis que de plus en plus de lieux-dits employés et compris par les gens sont expurgés du cadastre.

Kevre Breizh déploie alors des arguments culturels, économiques  et politiques et appelle les citoyens à échanger avec leurs élus pour les convaincre de traiter le nommage des rues avec plus de réflexion et plus de connaissances. Il faudrait que les habitants se mobilisent pour leur environnement culturel, dans la ligne d’un jugement de la Cour administrative d’appel de Marseille qui a énoncé que « la dénomination attribuée à une voie ou un édifice public doit être conforme à l’intérêt public local » (Ville de Nice – 12-11-2007).

Il est d’un grand intérêt d’apprendre qu’une association, Chubri (courriel : chubri@chubri.org), étudie les toponymes de la Haute-Bretagne et, surtout qu’elle a mis en ligne, ChubEndret, dont l’accès informatique aux mappeurs serait souhaitable. Mais, comme il n’y a pas, à notre connaissance de code ISO639 pour le gallo, cela empêche la cartographie en gallo.

Il est mentionné l’importante activité de l’Ofis publik ar brezhonek (OPAB) pour la toponymie bretonne, car, il est le conseiller attitré des communes (bien peu encore, hélas) et une bibliographie de base de 10 titres est donnée en fin d’ouvrage.

Pour OpenStreetMap e brezhoneg, ce livret a une approche pédagogique plaisante telle qu’on peut le recommander aux « mappeurs » qui souhaitent renseigner la valeur name:br, tant il est vrai qu’on ne peut toujours le faire « de chic », sauf pour des cas peu nombreux.

Cependant, si nous ne pouvons le faire sans avoir des notions de toponymie bretonne et gallèse, nous partons, presque toujours, des toponymes officiels pour restituer leur forme historique ou recréée.

Un contact avec PeÍre Brechet, son président, a été l’occasion de faire connaissance avec l’Institut d’Estudis Occitans (IEO), dont le siège central est à Toulouse et qui agit depuis 1945 pour le développement d’une grande langue européenne, l’occitan, qui a des archives littéraires et juridiques plus abondantes que celles du breton.

Déployant son action sur 11 000 communes, il a des objectifs similaires à ceux de l’Office public de la langue bretonne/Ofis publik ar brezhoneg, sans avoir de statut public. Ainsi, il conseille les municipalités par la signalisation sur la voirie et pour la restitution des noms de lieu en occitan, ansi qu’ils la définissent.

Une base de 56 000 toponymes http://www.bdtopoc.org a été créée, dont une partie (les noms de commune) est visible par une carte statique basée sur uMap/Leaflet/OpenStreetMap. https://framacarte.org/en/map/toponimia-occitana_1821#7/45.259/4.411.

Cette base pourrait être injectée progressivement dans OpenStreetMap qui serait alors un outil pour le recueil de contributions collaboratives. Une carte dynamique des toponymes occitans, sur le modèle de celle que nous avons construite, serait à créer.

OpenStreetMap e brezhoneg, ainsi que la communauté OSM, devrait donc avoir l’occasion d’interagir avec l’IEO.

Le tag de l’occitan : name:oc

C’est un ouvrage qui doit être lu par toute personne qui s’intéresse aux cartes tout en breton, mais, le britOSMeur n’y trouvera que des considérations sur les toponymes (et les surnoms) léonards sans diversion aucune, tant est fort l’amour que porte le maitre linguiste de Saint-Thonan à sa petite patrie nord-finistérienne.

Ayant appris le breton à l’adolescence et le gallois chez les Gallois, il a eu la chance d’être formé par les meilleurs linguistes et les meilleurs celtisants. Il n’a pas fait carrière à l’Université, mais a soutenu deux thèses de linguistique. il a collecté des contes, des légendes et bien d’autres choses en conversant en breton avec des milliers d’interlocuteurs.

Cela l’autorise, après quelques compliments, à exercer son esprit caustique à l’égard de quelques universitaires brestois, connus et reconnus (B. Tanguy et J.-M. Plonéis), car ils ont eu l’audace d’étudier des toponymes du Léon sans vérification auprès des brittophones locaux (et auprès de lui, sans doute aucun).

Selon notre linguiste (et reconstructeur de talus), l’étude des formes écrites anciennes doit être confortée par une enquête sur la prononciation des brittophones  « de tradition » locaux. Facile , si on a pu apprendre le léonard en LV1 !

Mikael Madeg a publié une partie de ses recherches de terrain portant sur des centaines de milliers de toponymes (existants ou disparus) dans une vingtaine d’ouvrages généralement rédigés en breton, mais il n’a pu anticiper que la cartographie OpenStreetMap pourrait lui être d’un grand secours, car elle s’appuie sur la photo aérienne et le cadastre embarqué. S’il savait combien la collecte et son traitement en sont facilités !

Cependant, il a un grand profit à tirer de ce livre, quand il met en garde contre les confusions et erreurs qui sont le fait, aussi bien des toponymistes du dimanche que des universitaires vissés à leur bureau.

Premier exemple : la graphie officielle, Kerguélen, assez répandue, est généralement comprise comme l’association de Kêr et de kelenn (houx). Mais, dans une petite proportion, on entend Kergwelenn chez les brittophones locaux et les formes écrites Kerguvelen font penser qu’il s’agit d’autre chose.

Deuxième exemple : gwern est souvent réduit à gwer et a fini par donner des formes  en ker. Pas de problème, si c’est la forme employée localement, mais, si le cadastre diverge de la prononciation, c’est celle-ci qui doit être retenue.

Troisième exemple : formes écrites ambivalentes ou fautives. Ty Lan est-il Ti Alan ou Ti (al) lann ? Kamm Hir ou Kan Hir ? Kerezog ou Ar Gerezog ? Le premier ne doit pas être vu comme Kêr + ezog, alors que la seconde forme montre qu’il y avait là une ceriseraie.

En plus des idées personnelles soutenues avec force et brio, l’auteur apporte beaucoup d’informations et de connaissances et il procure deux bibliographies et un lexique toponymique bien informé.

 

Christian Rogel

Mikael Madeg, Les noms de lieux (sic) et de personnes (sic) du Léon, Embann Keredôl, 2010, 234 p. Lexique p. p. 118-129. Bibliogr. ISBN978-2-917520-08-6.

Funambulisme

Une version bretonnisée de la carte OSM se heurte à des difficulté, dont la moindre n’est pas qu’on peut sembler faire du funambulisme entre deux principes d’égale valeur :

  • reproduire le dernier état des noms de lieu, mais il faut alors choisir entre recopie ou adaptation aux règles du breton
  • mettre une version qui peut remonter au substrat gaulois (ou moins haut) et donc n’être une simple hypothèse, même scientifiquement fondée

S’ajoute un troisième cas, celui de la traduction, soit du français, soit du gallo, soit de l’ancien français agricole.

Arbitraire ?

L’Office public de la langue bretonne n’a pas traduit « L’Avantage », mais, a  proposé « Beler » pour « Bel-Air ». Même recette : « Carloise » redevient « Kerloez » et « Mayenne » est transposé en « Mezven ».

« Le Routoir » pourra être traduit « An Aoglenn » et un nom typiquement gallo comme « Le Houssa » (La Houssaye) deviendra Kelenneg.

Ces transformations pourront paraître, soit arbitraires (par rapport à quoi ?), soit « impérialistes » (poser des marqueurs en breton sur le Monde, de manière exagérément symbolique).

Pas de limite légale

Ce qui l’autorise est la non-existence légale de la langue bretonne, car la clé « name:br » dans OpenStreetMap ne peut pas être renseignée seulement avec les noms de lieu ayant gardé une forme visiblement bretonne et les nommages de voie en breton opérés par quelques dizaines de communes .

Les 1 500 noms bretons des communes bretonnes ont été injectés en janvier 2012, beaucoup de noms de communautés d’agglomération et de communes ont été traduits et renseignés, dès leur création, des noms de ville et de pays hors de Bretagne, souvent anciens, apparaissent aussi sur OSM (An Havr Nevez, Nevez York, Moskof), ainsi que le nom bretonnisé de tous les États et nations sans États.

La technique en renfort

L’entreprise est immense rapportée au faible nombre des brittophones.

Cependant, il faut compter sur deux renforts de poids :

  • la technique informatique et le moissonnage des bases de données libres (surtout celles de l’Office public de la langue bretonne) qui permettra d’injecter automatiquement de nombreux noms, en particulier, ceux des rues qui sont très souvent identiques (« rue des Ajoncs »)
  • la jeune génération très connectée des brittophones qui sera réceptive à l’idée de voir des cartes en breton

La science toponymique comme garde-fou

La prise en compte des propositions de l’Office public de la langue bretonne et la mention de « source:name:br » sont les garde-fous. L’Ofis est officiellement missionné par la Région Bretagne pour être une source de toponymes normalisés.

Les nombreux toponymistes qui ont travaillé localement ou régionalement sont une source à exploiter avec la prudence nécessaire.

Il n’est pas envisageable d’obtenir une carte où 100% des noms sont bretonnisés, mais 80% en Bretagne est atteignable et, faute de bretonnisation possible,  un nom d’aspect breton n’est pas requis dans tous les « name:br ».

 

Christian Rogel

Sur tout le territoire de la République française sont employées diverses langues régionales et locales (plus de 70). On peut constater (ou en être informé) que des plaques de rue bilingues (quelquefois trilingues) sont visibles en Alsace, au Pays basque, en Corse, en Occitanie, en Flandre et ailleurs.

À Mulhouse (Alsace), la mairie a entrepris de mettre autant de plaques de rue qu’elle peut et a même suscité un site Internet plaquesbilingues.fr.

Là comme dans les pays mentionnés, il y a un office de la langue (à l’imitation de notre Ofis publik ar brezhoneg) chargé de conduire des politiques d’aménagement linguistique. Des relations et des échanges avec eux seraient très souhaitables, car, nous pensons que les outils que nous envisageons seraient à partager.

Si vous le pouvez, envoyez-nous toute information utile.